lundi 30 avril 2012

Nicolas Sarkozy va porter plainte contre Mediapart

Nicolas Sarkozy va porter plainte contre Mediapart
Le site d'information a publié samedi un document affirmant que le régime de Mouammar Kadhafi avait accepté en 2006 de financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Une information démentie par l'auteur et le destinataire supposés de la note. Ceux qui mentent, ceux qui font des faux, doivent être condamnés par la justice». Nicolas Sarkozy n'a pas envie d'être indulgent avec Mediapart. Le président a annoncé lundi sur France 2 qu'il porterait plainte «avant la fin» de la campagne contre le site d'information, coupable selon lui d'avoir publié un faux document sur un financement par la Libye du colonel Mouammar Kadhafi de sa campagne présidentielle de 2007. Le site fondé par Edwy Plenel a publié samedi une note qu'il présente comme signée par Moussa Koussa, ex-chef des services de renseignements extérieurs de la Libye, affirmant que le régime de Kadhafi avait accepté en 2006 de financer à hauteur de «50 millions d'euros» la campagne de Nicolas Sarkozy.
-Moussa Koussa qualifie le document de faux : 
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a réaffirmé dans une interview à Libération.fr avoir peu de doute sur l'authenticité de la note, tout en admettant n'avoir «jamais assisté en Libye à des discussions concernant le financement de la campagne de Sarkozy. Deux protagonistes de l'affaire ont cependant apporté leur démenti. Bachir Saleh, ex-président du Fonds Libyen des investissements africains, à qui est adressée la note, a nié «avoir été jamais destinataire d'un tel document». Et Moussa Koussa a qualifié de faux la note portant sa signature, affirmant que toutes ces histoires sont falsifiées. Mais pour Fabrice Arfi, le journaliste de Mediapart qui a publié le document, ce démenti est «un non-évènement. Moussa Koussa n'apporte pas le début d'éléments concrets permettant de douter de l'authentification du document, souligne-t-il sur RTL. Et pour cause, ce proche collaborateur de la dictature de Kadhafi, sur qui pèsent de lourds soupçons de crimes en Libye» et qui vit en exil au Qatar, est un protégé de la France. Il n'est donc guère étonnant, affirme en substance Fabrice Arfi, que Moussa Koussa mente pour couvrir le gouvernement actuel.
Vous croyez vraiment qu'avec ce que j'ai fait à M. Kadhafi, il m'a fait un virement?
Ce document est un faux grossier», a déclaré lundi le président sortant, qui a de nouveau qualifié Mediapart d'officine. Vous croyez vraiment qu'avec ce que j'ai fait à M. Kadhafi, il m'a fait un virement? Pourquoi pas un chèque endossé?, a-t-il insisté. C'est grotesque et j'ai honte pour l'AFP d'avoir fait une alerte sur un document faux», a-t-il conclu. François Fillon s'en est lui aussi pris à Mediapart lundi matin sur RTL, se disant certain que le document était «faux». Il a accusé Edwy Plenel d'être un récidiviste de ce type de pratiques, regrettant qu'il n'y ait pas de peine planché. Il avait fait la même chose avec le Parti socialiste, il avait publié à l'époque dans Le Monde un document qui disait que le PS était financé par Noriega ancien dictateur de Panama, a rappelé le premier ministre. Si M. Plenel a des documents, qu'il les remette à la justice!, a enchaîné Fillon, dénonçant une manipulation.
-Hollande nie tout lien avec Mediapart :Les socialistes appellent, de leur côté, à ce que lumière soit faite sur cette affaire. François Hollande a estimé lundi que c'est à la justice d'être saisi. Si c'est un faux, eh bien le site sera condamné, si ce n'était pas un faux, à ce moment-là il y aurait des explications à fournir», a déclaré le candidat PS à l'Elysée lundi sur Europe 1. Le candidat PS a par ailleurs nié tout lien entre lui et Mediapart, qualifié la veille par François Fillon d'officine financée par de riches amis de François Hollande. Ce site est un site d'investigation, d'informations, c'est arrivé qu'il accable quelque fois des personnalités de gauche, a-t-il fait valoir. Donc je ne vois pas comment il pourrait être établi qu'il y aurait là comme une relation, une confusion entre les socialistes et ce site d'information, qui, je le rappelle, est composé de journalistes reconnus. Ségolène Royal a quant à elle souligné la nécessité de faire toute la clarté sur l'affaire, car si elle est réelle, cela signifie que le président sortant a exercé son mandat de façon illégitime. Comme on lui demandait s'il avait raison de se pourvoir en justice, la présidente de Poitou-Charentes a répondu: Si c'est faux, il a raison. Mais elle a évoqué aussi la possibilité d'un mouvement tactique pour jeter un doute, pensant que le délai est trop court pour que la justice puisse se prononcer avant le second tour.
-Questions autour de Bachir Saleh : 
Un point en particulier concernant le statut de Bachir Saleh est sujet à débat lundi matin. L'ex-dignitaire libyen proche de Kadhafi, qui a démenti avoir été destinataire de la note révélée par Mediapart, se trouve actuellement en France. L'ex-trésorier du régime libyen est visé à la fois par des sanctions économiques de Washington et par une «notice rouge» d'Interpol en vue de son extradition vers la Libye pour fraude. Ses photos publiées sur le site d'Interpol ont été authentifiées par l'AFP à Tripoli. Sur la fiche d'Interpol, il est toutefois identifié sous le nom de Bashir Al-Shrkawi, né en 1946 à Agadez, au Niger, de nationalité libyenne. Le Niger lui a délivré un passeport «sur le conseil et la pression d'un pays européen» avant de l'annuler, avait déclaré en mars un haut responsable militaire nigérien, le colonel Djibou Tahirou. Le passeport disait qu'il était un conseiller politique bien qu'il n'ait jamais été conseillé du gouvernement du Niger, a souligné le responsable nigérien. Or François Fillon a assuré lundi qu'il n'y avait aucune trace d'un mandat international visant Bachir Saleh. J'imagine que le gouvernement français serait au courant. Il a en outre expliqué que Bachir Saleh disposait d'un «passeport diplomatique du Niger et qu' à ce titre, il est protégé par l'immunité diplomatique.
Source : lefigaro.fr